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La playlist d'Emilie, épisode 7 : Pergolesi

En 1748, alors qu’elle a suivi Voltaire à la cour du roi Stanislas à Lunéville, Émilie du Châtelet interprète le rôle-titre d’une pastorale héroïque créée cinquante ans plus tôt à Fontainebleau pour le mariage de Louis de France et de Marie-Adélaïde. L’opéra tombe ensuite dans l’oubli et il faudra patienter 250 ans et les 02, 03 et 04 juin prochains pour enfin voir se réveiller les incroyables personnages créés par Destouches grâce aux efforts conjugués de la Communauté de Communes du Territoire Lunéville à Baccarat et du chef de Chœur Vincent Tricarri.

Pour patienter, retrouvez chaque semaine sur la page Facebook « Émilie(s) » un nouvel épisode de la Playlist d’Émilie consacré aux œuvres et compositeurs baroques qui ont fait du XVIIIème siècle celui la grande musique…

Il a été de l’œuvre de Giovanni Battista Pergolesi au XVIIIème siècle comme de celles des comètes rock 250 ans plus tard : sitôt leur mort annoncée, l’imaginaire du grand public s’enflamme et l’artiste comme son œuvre accèdent instantanément au panthéon de la musique. Un des pères de la musicologie moderne, un anglais nommé Charles Burney, écrira d’ailleurs à l’époque : « … dès l’instant où sa mort fut connue, toute l’Italie manifesta le vif désir d’entendre et de posséder ses œuvres ». A l’instant où Pergolesi venait de s’éteindre à seulement 26 ans, un mythe venait de naitre …

Le compositeur

 Giovanni Battista Pergolesi (francisé « Jean-Baptiste Pergolèse »), nait en 1710 à Jesi, près d’Ancône, en Italie. A 12 ans, élève doué, il est envoyé à Naples au célèbre conservatoire dei Poveri di Gesù Cristo. Il en sortira neuf années plus tard, en composant pour la fin de ses études son premier chef d’œuvre : le prodige de la grâce divine de la conversion et de la mort de Saint- Guilhem, duc d'Aquitaine (Li prodigi della divina grazia nella conversione e morte di san Guglielmo duca d’Aquitania).

Cette rapide renommé, à seulement 21 ans, lui ouvre les portes de l’opéra : il compose pour la ville de Naples plusieurs œuvres données au Theatro San Bartolomeo, le principal théâtre d'opéra napolitain.

En parallèle de cette activité profane, Pergolèse compose également des œuvres religieuses et notamment un somptueuse Grande Messe solennelle à dix voix, pour double chœur, deux orchestres et deux orgues, données à l’occasion d’un violent séisme qui secoue Naples en 1732.

  

Cependant, la santé du jeune prodige décline rapidement et le contraint en 1736, à seulement 26 ans, à s’isoler au monastère des Capucins de Pouzolles, près de Naples. Là, atteint de tuberculose, il compose dans un dernier souffle une œuvre qui enflammera les plus grandes cours européennes et le rendra : son incroyable Stabat Mater

 

Stabat Mater dolorosa
Juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.

Elle était debout, la Mère, malgré sa douleur,
En larmes, près de la croix,
Tandis que son Fils subissait son calvaire.

Naples vue par Gaspar van Wittel en 1725

L’œuvre

La carrière musicale de Pergolèse n’aura duré que six années (1730 à 1736), au cours desquelles ce génie précoce aura tout de même composé plusieurs œuvres religieuses majeures, une dizaine d’opéras et autant d’Intermezzi. Ces allers et retours entre la musique profane et la musique sacrée sont alors fréquents pour les compositeurs de l’époque ; les compositeurs italiens font en effet jouer leurs œuvres profanes et religieuses pour un même public et avec le soutien des mêmes mécènes ; ils adaptent ainsi régulièrement leurs œuvres profanes en œuvres religieuse ou l’inverse, ce qui crée une proximité entre elles. Il fait jouer de petites farces fortes en vogue pendant les entractes de ses operas serias pour distraire le public.
En 1733, par exemple, La Serva Padrona (La Servante maîtresse) est jouée pendant les entractes de son opéra principal, Il Prigionier superbo. Cet intermède deviendra une œuvre autonome qui connaîtra un succès exceptionnel tout comme Livietta e Tracollo, joué en 1734, qui connaît également une carrière indépendante de son opéra principal.